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Page mise en ligne en novembre 2008, dernière mise à jour en décembre 2013

Élèves en difficulté

(1 document à télécharger, 2 liens externes, 38 liens internes)

 

Dossier : L’erreur en pédagogie... (lien externe) Heureusement, depuis une trentaine d’années, l’erreur est réhabilitée par tout un ensemble de travaux en didactique. Avec le projet de refondation de l’école, le « statut de l’erreur » pourrait s’inscrire plus que jamais au cœur des dynamiques qui renouvellent l’enseignement. « Conférer un statut positif à l’erreur » constitue la proposition n°8 du « Collectif École changer de cap ». (lien externe)

 

Ben oui, il y a des élèves en difficulté dans toutes nos classes (parfois plus dans certaines que dans d'autres, et les instits n'y sont pourtant pas mieux payés...).

 

Lorsque j'ai débuté, au siècle dernier, ce n'était pas le souci principal, enfin pas celui de l'administration. Les mentalités des collègues n'étaient également pas toujours très ouvertes sur le sujet. Je me rappelle d'une réunion école/collège où un instit expliquait qu'un élève en difficulté était obligatoirement un fainéant... Sans que grand monde ne tique. Certaines pratiques pédagogiques prenaient en compte les difficultés des élèves mais elles étaient largement minoritaires.

 

Puis les évaluations institutionnelles sont apparues, les injonctions officielles aussi.

 

Se pencher sur les élèves en difficulté a permis à beaucoup d'instits (dont je fais partie) de changer leur regard et a fait parfois évoluer leur pratique. Dans un premier temps, se rendre compte que certains élèves ont des difficultés, puis dans un second temps essayer d'adapter sa manière de faire classe.

Pas facile.

 

Sont apparus progressivement les PPAP puis les PPRE...

 

Autant le dire tout de suite, je crois que ça a été le début de la fin.

 

Comment a-t-on pu faire croire que des dispositifs suffisent pour aider les élèves en difficulté, qu'il n'y a pas des préalables incontournables mais dont les effets sont difficilement quantifiables ?

 

Cette évolution s'est donc accompagnée d'un flicage administratif : il nous faut désormais remplir des grilles pour montrer que des dispositifs sont mis en place... Peu importe souvent la mise en oeuvre. L'an passé, dans ma circonscription, un temps de PPRE devait même figurer dans l'emploi du temps de chaque classe... Comme si cela suffisait ! Peut-être cela permettait-il d'avoir la conscience tranquille...

Cette tendance va malheureusement s'accentuer avec la mise en place des évaluations CE1 et CM2.

 

D'accord, le regard des instits a considérablement évolué sur les élèves en difficulté, mais hormis notre sentiment de culpabilité grandissant (sur lequel ceux qui n'ont pas de classe savent très bien jouer) qu'est-ce qui a vraiment changé ?

 

Je ne parle même pas de ce qu'on demande aux débutants... avant de savoir faire la classe, il leur faudrait savoir différencier. On s'étonne que les instits deviennent aigris au bout de quelques années de carrière ? Depuis trois ans, j'essaie d'enseigner l'anglais, je commence simplement maintenant à ressentir la nécessité de différencier... Quant à la mise en oeuvre, j'en suis encore loin...

 

On est -malheureusement- passé d'un extrême à l'autre.

 

De ce point de vue là, les "pédagogues", qui ont mis en oeuvre les PPAP et PPRE, rejoignent complètement les ultras libéraux, pour qui tout doit être quantifié, évalué, individualisé... C'est bien dommage...

 

 

Aujourd'hui ?

 

Avec la fabuleuse réforme de l'école version 2008 : les deux heures de soutien ("Acadomia publique") sont entrées dans les mentalités comme une lettre à la poste.

Comment peut-on croire qu'une trentaine d'heures annuelles suffiront ? Alors que ces mêmes élèves ont perdu 12 jours de classe. Car le noeud du problème est bien là : c'est avant tout au sein de la classe, entre pairs qu'on apprend.

Je me rappelle de ma prof de math en Première S, dans une classe particulièrement élitiste : elle donnait des heures de soutien, au black, à certains élèves (à son neveu en particulier... si, si). Comment pouvait-elle déontologiquement le faire ? Elle ne mettait rien en place pour aider les élèves en difficulté pendant ses heures de cours (j'en sais quelque chose !)...

Sommes-nous si loin de cet exemple aujourd'hui ?

 

Les collègues qui réalisent ces deux heures font-ils tout ce qu'ils peuvent -raisonnablement- faire pour aider leurs élèves en difficulté, dans le temps scolaire classique ?

 

Qui croit réellement que ce dispositif est destiné à vaincre l'échec scolaire (avec les stages pendant les vacances) ?

 

Plus grave : qui va encore subir l'échec de ce dispositif ?

 

Surtout, les élèves en difficulté n'étant pas également répartis, comment vont faire les écoles qui ont un public défavorisé ? Les RASED n'étaient-ils pas un moyen d'aider ces écoles ? Plus de moyens humains pour ce type de classe n'est qu'un juste rééquilibrage des moyens. Mais ce n'est vraiment pas le chemin choisi...

 

 

Pour autant, je vais essayer de rester positif (pas facile dans le contexte actuel) et de donner des pistes pour essayer d'aider les élèves en difficulté, avant les deux heures :

 

 

Les préalables

(sans lesquels la différenciation n'est pas possible) :

 

Au risque de faire bondir les collègues, je pense vraiment que le premier préalable c'est de ne pas, en tant qu'enseignant, mettre la tête sous l'eau à ses propres élèves. Ne pas être la cause de leur échec scolaire. On a tous des exemples en tête... qui ne sont pas les derniers à être volontaires pour encadrer les stages de remise à niveau pendant les vacances.

 

Un article du journal Le Monde du 14 septembre 2005 (pdf : 101 ko) :

"L'humiliation des élèves, reflet des carences pédagogiques françaises"

 

1- Estime de soi et des autres : « réussir à l'école nécessite de travailler dans une classe apaisée »

  • Des règles claires, justes et acceptées par tous les élèves : règles de vie de la classe et groupes d'autonomie ;
  • une journée qui commence de manière collective et conviviale : avec des rituels d'accueil : le bonjour quotidien, les présentations (deux minutes pour séduire, lecture offerte, musique offerte), la blague quotidienne ;
  • le conseil de classe, les messages clairs...

 

    De ce point de vue là, les deux heures de soutien stigmatisantes sont contre productives.

 

 

2- Métier d'élève : « réussir à l'école nécessite des méthodes »

  • Importance de la métacognition : bilan quotidien, tour de la semaine, programme de la journée, de la semaine, retours réflexifs, séances d'aide méthodologique...

 

 

NB : il me paraît essentiel de bien différencier ces deux points. Le risque est grand de mélanger les deux et de sanctionner ou récompenser un élève sur le même registre dans ces deux domaines. Un élève qui ne respecte pas les règles de vie de la classe n'est pas forcément un élève en difficulté scolaire et inversement. Dans beaucoup de classes, les deux sont malheureusement mélangés.

 

 

3- Statut de l'erreur : « réussir à l'école nécessite de ne pas avoir peur et de ne pas masquer ses difficultés »

  • Dédramatisation et surtout utilisation de l'erreur dans le processus d'apprentissage : utilisation quotidienne d'un cahier de recherche, mises en commun où on explicite les procédures et les hypothèses, où on en invalide et valide certaines...

 

 

4- Sens du travail scolaire : « réussir à l'école nécessite de comprendre pourquoi on travaille »

 

5- Équilibre de la journée et de la semaine : « réussir à l'école nécessite de respecter le rythme de l'élève »

  • Accueil, rituel d'accueil, alternance de courtes activités ritualisées et d'activités d'apprentissage plus longues mais rythmées (ouverture, recherche, mise en commun, synthèse...) ;
  • moments de silence, moments où la prise de parole des élèves est grande, moments d'échanges entre les élèves, déplacements autorisés dans la classe parfois, présentations réalisées par les élèves ;
  • récréations de même longueur pour tous ;
  • équilibre entre les différentes disciplines (importance de l'EPS et des disciplines artistiques)...
  • De ce point de vue là, les deux heures de soutien réparties en plus d'une journée de six heures sont contre productives.

     

6- Utilisation d'outils adaptés et variés : « faciliter l'apprentissage des élèves en fonction de leur manière d'apprendre.»

  • Vidéoprojecteur (vidéo, images, textes) – ressources audio (anglais, musique...) - cahiers – manuels – Gacode - photocopies (sur lesquelles on peut surligner, écrire...) - ardoises – ordinateurs – lexidata – objets à manipuler...

Mais cela nécessite des moyens !

 

 

Une fois que ce qui précède est installé :

Ce qui peut être mis en place

(pour aider -aussi- les élèves en difficulté)

 

Pédagogie du projet : donner du sens et un but collectif à la classe.

 

Ateliers : développer l'autonomie des élèves sur des activités dont les sujets ont été choisis par eux.

 

Tutorat : institutionnaliser l'entraide et la coopération entre les élèves.

  • Parrainage en début d'année, conseil de classe, EPS, recherches diverses (mathématiques, Histoire)...

 

Groupes de niveaux : proposer des activités différentes en fonction des difficultés des élèves lorsque l'écart est trop important (risque d'éloignement de la ZPD).

  • En orthographe, et en calcul mental (plus vite que la calculette). Plus les élèves du groupe sont en difficultés, moins ils sont nombreux...

 

Remédiation : Travailler une difficulté repérée.

 

Béquilles pédagogiques : Développer le recours à des outils d'aide.

  • Gacode, leçons et/ou outils divers (mathématiques, étude de la langue)...

 

Différenciation quantitative : alléger le support de recherche pour les élèves en difficulté (mais l'objet de la recherche reste le même), alléger le nombre d'exercices...

 

Co évaluation : développer la capacité à observer un pair par rapport à une norme établie collectivement (points positifs et points à améliorer)...

 

Auto évaluation : développer la capacité des élèves à comprendre leurs propres difficultés...

... ... ...

 

L'avantage d'avoir un site internet c'est de pouvoir écrire -presque- ce qu'on veut...

Libre au lecteur d'adhérer ou pas... Je suis prêt à publier des contributions d'internautes, même si elles divergent par rapport à ce qui précède !

 

 

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